Le message du pendu by Aspe Pieter

Le message du pendu by Aspe Pieter

Auteur:Aspe, Pieter [Aspe, Pieter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2001-12-31T23:00:00+00:00


« Un problème ? »

Versavel pénétra d’un pas circonspect dans la cuisine. Il avait croisé Hannelore à l’accueil. Elle lui avait à peine accordé un regard, ce qui ne lui était jamais arrivé. Van In se tenait devant la fenêtre, les épaules contractées. Sans ce fichu amour-propre qui l’empêchait de faire un geste, il aurait couru derrière sa compagne et se serait jeté à genoux devant elle pour implorer son pardon. Au lieu de ça, il se contenta de la suivre du regard, jusqu’au moment où elle tourna au coin de la rue. Un ami lui avait dit un jour que si l’homme vit désormais beaucoup plus vieux, c’est qu’il a besoin de plus de temps pour atteindre la sagesse. Propos de comptoir ? Peut-être, mais cette idée ne l’avait plus jamais quitté.

« Tu sais ce que ça veut dire, QED ? »

Versavel poussa un soupir de soulagement. Ça avait l’air moins grave qu’il ne l’avait craint.

« Quod erat demonstrandum, dit-il, assez content de lui.

– Et si tu me traduisais ça dans une langue normale, Guido ? »

Van In se tourna vers son ami. Sa peau flasque et livide et son œil hagard lui donnaient l’air d’un étudiant prolongé venant de passer au bizutage.

« Ce qu’il fallait démontrer, expliqua Versavel. Autrement dit : CQFD. C’est du jargon juridique.

– Mais il n’y avait rien à démontrer, si ? »

Versavel nettoya le filtre à café et prépara une nouvelle cafetière.

« Je ne dirais pas ça…, commença Versavel en souriant, bien conscient que l’humour peut sauver beaucoup de choses.

– Ça n’a rien à voir avec l’affaire Traen, Guido.

– Tu m’en diras tant ! »

Versavel appuya sur le bouton idoine, ce qui eut pour effet d’appeler la cafetière à la vie. Et Van In aussi, par la même occasion. Il raconta la scène qu’il venait d’avoir avec Hannelore.

« Je comprends », dit Versavel lorsqu’il eut terminé.

Il remplit les tasses. Van In fumait comme un forcené, à croire qu’il voulait donner un bon coup d’accélérateur à la tentative de suicide qu’il avait entamée vingt-cinq ans plus tôt.

« Eh bien moi, je ne comprends pas, dit le commissaire.

– Mouais. »

Les conjoints trompés sont souvent les derniers à le savoir. Van In avait bien dit à Hannelore qu’elle ne pourrait jamais lui cacher une infidélité. « Quod erat demonstrandum », lui avait-elle répondu après lui avoir parlé de sa relation avec Verhulst. Mais Versavel ne pouvait pas expliquer ça à Van In. C’était déjà suffisamment grave qu’Hannelore l’ait planté là comme ça.

« “Mouais”, ça ne m’aide pas beaucoup, dit Van In.

– Tu n’aurais pas envie d’un petit verre, par hasard ?

– Non.

– Il y a une bouteille de Filliers dans l’armoire à archives.

– Du vieux ou du jeune ?

– Du vieux.

– Un petit, alors. Parce que tu insistes.

– Tout le plaisir est pour moi. »

Marx avait tort, pensa Versavel. L’opium du peuple, c’est le genièvre.



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